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Longtemps admirés, puis
persécutés, les oiseaux de proie du monde entier sont à présent menacés.
Pourquoi des oiseaux, si respectés, sont-ils devenus si détestés ? Pour comprendre cela
remontons dans le temps et essayons d'analyser l’évolution des oiseaux de
proie dans les mœurs humaines.
Depuis la nuit des temps, les rapaces ont toujours véhiculés de nombreux symboles. On attribuait la force à l’aigle, la vitesse au faucon, la sagesse et le savoir aux chouettes et aux hiboux, la mort aux vautours,… Dans de nombreuses civilisations anciennes, on
retrouve trace de ces symboles. En Égypte ancienne, le dieu Horus était
représenté avec une tête de faucon. L’effigie du vautour fauve Nekhbet, qui
était le protecteur des pharaons, formait l’une des couronnes royales d’Égypte.
Dans la mythologie
grecque, Zeus, dieu du ciel, avait pour attribut un Dans les cultures d’Amérique, les oiseaux de proie figurent souvent dans les légendes. Chez les Indiens du Nord, l’Oiseau-tonnerre est une sorte de grand aigle, ou vautour, qui vit au ciel et qui produit le tonnerre en battant des ailes. Dans les Hautes Andes, l'Inca, fils du ciel, ne se reconnaissait pour égal que le condor. L’aigle, proprement dit, a aussi une grande importance. Car si le lion est généralement considéré comme le roi des animaux ou l'animal des rois, le bestiaire a prévu un échelon encore supérieur pour l'aigle qui est associé aux empereurs. Depuis César qui marchait au combat derrière les aigles romains jusqu'au président des Etats-Unis dont le sceau s'orne d'un pygargue aux ailes déployées, les hommes les plus puissants des plus puissants pays ont voulu lier leur gloire à l'oiseau de Jupiter et celui de Saint-Jean l'Evangéliste. Dans la foulée, villes, contrées et familles titrées inscrivirent les beaux oiseaux dans leur blason et il n'est pas jusqu'aux paysans qui n'aient rendu hommage aux oiseaux de proie en baptisant un fils "Milan" ou "Flaco". Peintres, sculpteurs, orfèvres et joailliers rivalisèrent sur ce thème et contes et légences ne furent pas en reste : c'est un aigle qui punit Prométhée pour avoir dérobé le feu du ciel et l'ombre géant qui s'étendait sur l'Arabie des 1001 nuits, c'était celle du mythique Oiseau "Rok". "L'aigle a beau avoir des serres, il ne saurait capturer une mouche." Proverbe chinois
« On n’aime pas ce que l’on ne connaît pas » constate-t-on souvent, une phrase qui pourrait aisément se transformer en « On persécute ce que l’on ne connaît pas » pour les oiseaux de proie. En effet, la persécution est le sort réservé à bon nombre d'oiseaux de proie considérés comme « nuisibles ». Les chouettes et hiboux étaient auparavant attribués aux sorcières et mages démoniaques et leur présence dans les alentours d’une maison ne pouvait signifier qu’une chose : la mort d'un des habitants de cette maison. Afin de conjurer ce mauvais sort, on clouait les chouettes et hiboux sur les portes, bien que les oiseaux soient encore vivants avant d’être cloués de la sorte. Objet de tant d'adulation depuis des millénaires, le rapace diurne devrait être un oiseau particulièrement aimé et jalousement protégé. Il n'en est pourtant rien. Une orgueilleuse nation qui porte un aigle dans ses armes n'est même pas capable de faire passer un bout de loi pour enrayer sa disparition, un prince qui se flatte qu'un faucon coiffe son écu paye avec ces mêmes écus ses gardes-chasse pour qu'ils éliminent un "concurrent". Les vautours et aigles
étaient, eux, chassés pour le prétexte qu’ils enlevaient les agneaux, chiens et
même les enfants pour les emmener dans leur nid Car, dans le rapace, l'homme ne voit finalement que le miroir des qualités qu'il a la complaisance de s'attribuer : intelligence, force, combativité, hauteur, présentance. On remarquera, à l'opposé, le peu de succès de l'oiseau de la paix : quel pays, quelle ville, quelle famille a-t-elle voulu dans ses armes la blanche colombe ?
Bien sûr, les mauvaises
croyances de jadis n’ont pas été les seuls bourreaux des rapaces. Les chasseurs
avides de trophées, la déforestation, la diminution de leurs proies et le DTT
(un "Quand le vautour meure, la poule ne pleure pas" Proverbe allemand Aujourd’hui, la convention de Washington protège presque tous les Une chose est claire, l'avenir de nos rapaces nocturnes et diurnes dépend de la manière dont nous traiterons notre milieu. Il nous faudra donc trouver un juste équilibre entre nos intérêts et ceux de la faune et de la flore, et donc des oiseaux de proie. Nous restons responsables de notre futur et surtout du futur des nouvelles générations. Une raison de plus de laisser derrière nous nos jalousies et notre égocentrisme...
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